Photos de classe manquantes

A vos archives ! Il nous manque 5 photos de classe (sur 28) des années scolaires de Louis à SFX : 1950-51, 1951-52, 1952-53, 1953-54, 1954-55. Merci de nous les envoyer scannées en 300 DPI.

dimanche 20 juillet 2008

Les rites : le florilège

Louis De Donder était très épris de poésie et s'efforçait de dégrossir nos esprits de petits barbares pour les y rendre perméables. Je ne sais quels effets ses efforts ont eus sur vous... Pour ma part, je n'ai été sensible à ces textes que bien plus tard, en les relisant.
J'ai pourtant été touché à l'époque par quelques vers qui pouvaient résonner dans un coeur d'artichaut de 15 ans.

Par exemple :

Un nom cher fut gravé sur un arbuste frêle.
L'arbre, aujourd'hui géant, a cent fois reverdi.
Vois : sur le tronc rugueux les lettres ont grandi,
Tel, dans un coeur aimant, un souvenir fidèle.
(François Copée)

Ce poème, et bien d'autres, il nous les faisait copier dans un "florilège", collection de fleurs de littérature poétique qu'il avait cueillies pour nous au fil de ses lectures. L'occasion aussi de nous apprendre un nouveau mot, de nous en faire deviner les racines latines (flos, floris - legere). Tout lui était prétexte pour nous initier à quelque chose.

J'ai retrouvé, en piteux état, mon "cahier de florilège". Derrière l'affreux motif "années septante" imprimé sur la couverture en vinyle, se trouvent encore, tachées, pâlies, des fleurs sans âge. Mais au parfum intact.

Je vous les livrerai ici petit à petit, en commentaires de ce message.

3 commentaires:

  1. Et pour commencer, des textes de références, qui ne sont pas des poèmes. Ces fragments figurent en première page de mon florilège :

    "Dans un enseignement heureux, la poésie est présente, et il ne la cantonne pas dans un coin de l'horaire, il en reçoit tout entier le rayonnement."
    (Instructions ministérielles pour l'enseignement du français à l'école élémentaire - Décembre 1972).

    "Le meilleur choix de poèmes est celui que l'on fait pour soi."
    "Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré."
    "Je vis dans les images innombrables des saisons et des années... Je vis dans les images innombrables de la vie, dans la dentelle des formes, des couleurs, des gestes et des paroles."
    Paul Eluard.

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  2. Ce texte de prose poétique est à la base d'une anecdote savoureuse dont je fus témoin. Mais commençons par le texte :

    Les Vacances.

    Les Vacances ! Le plus beau mot de toutes les langues. Il n'y a que le mot "dimanche" qui approche un peu de sa sonorité magique. Mais "vacances", c'est "dimanche" écrit en lettres majuscules.
    Les Vacances, je n'ai qu'à fermer les yeux pour en retrouver l'ineffable couleur dorée, depuis lors inégalée, même par les étés les plus splendides, car cet or habitait nos jeunes regards : c'était une profondeur jaune et chaude, couleur de sable au bord de la mer, couleur des champs de blé dans les grandes plaines, des abricots sur les branches, des guêpes dans les vergers, couleur de soleil surtout, du soleil éblouissant, intarissable, immuable, car il faisait toujours beau alors, il me semble.
    Les Vacances ! Deux mois de plein air, de campagne ou de mer, deux mois pendant lesquels nous pouvions répondre à l'éternelle interrogation des parents :
    - Que faites-vous les enfants ?
    - Je m'amuse !
    C'était l'infini.
    (Fernand Gregh)

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Fernand_Gregh

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  3. Et voici l'anecdote promise :

    En classe, Dedon interprétait pour nous les textes qu'il aimait avec un vrai talent de bateleur. Une interprétation... qui dérapait souvent (mais c'était un dérapage conscient et contrôlé) vers l'outrance ou le gag, surtout quand nous restions, adolescents blasés que nous affections d'être, trop peu réceptifs à la beauté ou à l'émotion contenue dans les textes qu'il nous présentait.

    Ainsi, à la fin de ce texte sur les vacances, Dedon s'était insensiblement rapproché de la porte de la classe. Il cherchait à nous faire ressouvenir de l'intense, l'animale jubilation des enfants en vacances, libérés et heureux. Je suis persuadé qu'il la ressentait, lui, cette jubilation...
    Je le revois tâchant de nous faire partager l'agacement des enfants tout occupés à jouer, sous "l'éternelle interrogation des parents". Il imitait la voix des parents s'inquiétant de ce que font les enfants...
    Du grand art de comédien.
    Je suis sûr qu'il se revoyait enfant, fils d'une mère adorée dont il nous parla quelquefois.

    Sur l'avant-dernière phrase du texte, il ouvrit la porte de la classe et hurla dans le couloir désert, à pleins poumons : "Je m'amuuuuuuuse !"
    On avait dû l'entendre dans tout le bâtiment.
    Après ce coup de voix, il prononça dans une expiration rêveuse, en refermant la porte : "C'était l'infini..."

    Nous étions morts de rire... Lui, heureux de son effet, et de nous avoir amenés là où il voulait, c'est-à-dire à ne jamais oublier ce texte, même 35 ans plus tard, revint vers l'estrade avec un fin sourire. Car il n'était pas la victime de ses apparents dérapages, mais bien leur metteur en scène.

    A l'heure de cours d'après, le professeur suivant posa son cartable sur le bureau et nous dit avec un sourire ironique : "Alors, il paraît qu'on s'amuse en quatrième ?"

    L'histoire avait évidemment fait le tour du Collège en peu de temps...

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