Photos de classe manquantes

A vos archives ! Il nous manque 5 photos de classe (sur 28) des années scolaires de Louis à SFX : 1950-51, 1951-52, 1952-53, 1953-54, 1954-55. Merci de nous les envoyer scannées en 300 DPI.

jeudi 28 janvier 2010

3e Latin-Grec 1976-77

3e Latin-Grec 1976-77 (nouvelle numérotation).
Louis a 63 ans.

1re rangée, assis, de gauche à droite :
G. Favart, B. Fonsny, P. Engels, Louis De Donder, A. Blanjean, P. Andri, J.-B. Andries

2e rangée :
B. Bidoul, R. Ghys, R. Peters, B. Raxhon, J.-Y. Delhez, Ch. Garsou, Ph. Gronsveld, D. Thonnard, P. Rotheudt

3e rangée :
B. Thimister,  E. Desert, M. Delhez, Th. Piraprez, B. Christiane, F. Desart, O. Bach, M. Charlier.

Avez-vous dans vos souvenirs une image de Louis au bras plâtré ? Jean Janssen nous rappelle que cette année-là il a glissé sur la neige (ou le verglas) qui restait sur le trottoir de la rue de Rome et s'est cassé le bras ou le poignet.
Maintenant quel est l'intérêt de cette anecdote ? Faible sans doute, mais posons que nous sommes ici dans une logique de collectionneurs, que nous réunissons en vrac des matériaux de mémoire grâce aux bribes recueillies de partout, et que nous ferons le tri, un jour peut-être.



Sur la piste d'un ancien, présent sur cette photo, Daniel Thonnard :
http://www.festivaldewallonie.be/2012/fr/musiciens/Daniel_Thonnard/13997/13997/

mercredi 27 janvier 2010

La question du pourquoi et la soif des ânes (4e partie et fin)

(par Jean-Marie Klinkenberg)

Plus de cinquante ans ont passé. Je n’ai pas très souvent repensé à Louis De Donder. J’aime à croire qu'il n'y a, par cycle d'études, qu'un seul enseignant dont on puisse dire que, sans lui, la vie aurait été radicalement autre; et pour moi, en humanités, ce fut le père Robert, dit Globul : le prof d’histoire clairvoyant que j’ai dit. Il n'empêche que le tempétueux passage de De Donder dans ma vie m’a marqué, d’autant plus qu’il correspondit au séisme culturel de l'entrée au collège. Et — ma compagne me le rappelle — c'est bien le seul de mes professeurs d’alors dont j'ai constamment commenté autour de moi les frappantes astuces pédagogiques.


Car si l’image de De Donder ne me quitte plus depuis que j’ai découvert le site de Patrick Bartholomé, il y une bonne raison à cela. Je suis à la veille « d’accéder à l’éméritat », comme on dit : le moment de jeter un œil derrière soi avant d’aller à nouveau de l’avant. En ce moment, je mesure à quel point l’enseignement aura beaucoup compté pour moi, même s’il n’a pas été mon activité professionnelle principale : je crois avoir mis des trucs au point ; imposé des rituels ; j’ai fait le clown pour capter l’attention. Et toujours posé la question du « pourquoi ». Au moment d’évaluer tout cela, je ne puis empêcher l’image de De Donder de s’imposer avec force à mon esprit. Car je le sais à présent : ses trucs, ses rituels, ses clowneries, ses coups de gueule, tout cela, c’est la signature d’un enseignant passionné, impliqué. J’imagine les trésors d’imagination qu’il a déployés tout au long de sa carrière. J’imagine ce que durent être ses découragements et ses désillusions (« faire boire des ânes qui n’ont pas soif » : une de ses métaphores fréquentes). Mais j’imagine aussi ce que durent aussi être ses joies rugissantes.

Alors, où que tu sois, De Donder, salut !
(Fin)

mardi 26 janvier 2010

Budapest et une histoire de ratchatchas (3e partie)

(Par Jean-Marie Klinkenberg)
Cette énergie habitait aussi ses convictions. Des convictions, c’est peu dire que De Donder en avait. Et c’est dire moins encore qu’il ne les cachait pas : il les proclamait, il les exhibait, il les arborait (et dans ma tête, Brassens fredonne avec pertinence : « …plus ostensiblement,/ Comme un enfant de chœur porte un saint sacrement »). Le monde était limpide, à l’époque, clairement divisé entre deux empires, celui du bien et celui du mal. Et De Donder avait choisi de servir celui du bien : dieu, roi, patrie (mais que dis-je, là, moi ? ou plutôt qu’écris-je ? Autant pour moi : Dieu, Roi, Patrie…).
Peut-être est-ce à ce moment que j’ai appris la dissimulation, rempart des minorités. Quoique je n’aie jamais su quel camp avait choisi mes parents, je savais déjà vaguement que je n’appartenais pas clairement à celui des léopoldistes. Et je savais, tout aussi vaguement, que la chose n’était pas bonne à dire. A peine osais-je avouer que chez moi on ne lisait pas La Libre Belgique, « le seul journal que lisent les bien-pensants ! », mais La Cité, dont le caractère chrétien ne pouvait en aucune manière absoudre le caractère syndical. Mais en matière de presse, le Grand Satan, c’était le Pourquoi pas ?, que j’eus quelques fois en mains, déçu de ne pas le découvrir aussi sulfureux que je le redoutais/espérais. Jupiter tonnait régulièrement contre cet hebdomadaire : « Demander ‘pourquoi pas ?’, c’est lâche ! La seule vraie question à poser est : ‘pourquoi’ ? ».
Aujourd’hui, je pense comme Louis De Donder, mais pour des raisons qui ne sont sans doute pas les siennes : la seule question qu’il faut inlassablement poser est : « pourquoi » ?
Les convictions fermes n’excluaient pas l’émotion. Nous étions au début novembre 1956. De Donder nous donnait un cours de vocabulaire, un de ceux que j’écoutais le plus volontiers. Il énumérait les synonymes de « détester »  (exécrer, abhorré, honnir…) lorsque quelqu’un — un rhétoricien sans doute : on les formait ainsi à prendre la parole en public — pénétra dans la classe, et nous informa de l’entrée des troupes soviétiques à Budapest. (On se tromperait si l’on croyait qu’à l’époque, le monde et l’école étaient séparés : ma surprise fut grande, à l’université, de constater que j’étais le seul à avoir eu un cours d’histoire contemporaine qui n’avait pas boudé le contemporain. Et si mon prof fit la moue lorsqu’en octobre 1961 je lui proposai de consacrer mon grand exposé de l’année au Mur de Berlin, érigé au mois d’août, ce n’est pas parce qu’il pensait que c’était trop actuel : c’est parce qu’il avait peur qu’au mois de mai, pour lequel mon travail était programmé, ce ne soit « de la moutarde après souper ». Petite erreur de prévision, qu’on peut pardonner à celui qui fut le plus clairvoyant de mes maitres). Lorsque le rhétoricien sortit de la classe, le silence se fit. Louis De Donder retourna à l’estrade et, nous tournant le dos pour qu’on ne vît pas l’émotion que sa voix trahissait de toute manière, il énonça : « L’occupation soviétique en Hongrie est exécrée, abhorrée, honnie… »
Zeus, amphore, ca 470 ACN (Louvre )
Cette énergie se traduisait enfin dans la colère. On a volontiers dit que Zeus (Zeus Terpichéraunos, qui aime manier la foudre, Zeus Maïmaktès, qui souffle la tempête) jouait la comédie. Que son ire (allez, assez de latin et de grec, et osons le mot : ses pétages de câble) n’étaient que les moments d’un rite maîtrisé et prévisible.
Je ne le crois pas.
Je revois en effet cette scène : un jour, mon cahier de brouillon était ouvert sur mon banc, à une page où ma rêverie avait accumulé les gribouillis. De Donder passait dans les bancs. Son doigt s’abattit sur la page, farouche : « Qu’est-ce que c’est que ça ? ». « Des ratchatchas » fut ma réponse, piteuse. Crut-il que je moquais de lui ? Pour l’enfant verviétois que j’étais, ratchatchas était le mot propre, le seul que j’eusse à ma disposition (avec craboudja, peut-être ?) Je m’imagine aujourd’hui qu’il aurait fallu que je dise griffonnage, ou barbouillage. Mais ces mots non plus ne faisaient pas partie de mon vocabulaire. « Des ratchatchas ! des ratchatchas ! » tonna alors Zeus Néphéléghèrétès. Et, pendant qu’il répétait ce mot qu’il rendait infâmant, son bic rouge et rageur ajoutait sa rime puissante à mes ratchatchas. Je ne voyais que la main maniant compulsivement le bic, en même temps que la voix vociférait au-dessus de ma tête : « Des ratchatchas ! des ratchatchas ! ». Et je regardais le papier, médusé. Une page fut bientôt déchirée, puis deux, puis trois. Le bic s’enfonçait à travers l’épaisseur du cahier, dont il ne resta bientôt plus que des lambeaux. Ah, j’avais trouvé mon maitre, en fait de ratchatchas !
Aujourd’hui, un tel acte serait sans doute condamné. Non comme violence faite à un écolier, mais comme gaspillage anti-écologique et contribution à la déforestation.
(à suivre)

lundi 25 janvier 2010

"Θάλασσα, θάλασσα !" (2e partie)

(Par Jean-Marie Klinkenberg)

Ce dont je me souviens, c’est d’abord d’une énergie. Une énergie — oserai-je le dire ? — du tonnerre de Zeus.
Cette énergie, elle s’investissait dans l’attention, dans la communication, dans la conviction.
Cette attention n’a faibli à aucun instant. Elle était sans cesse en mouvement, se portant sur les choses, mais s’adressant surtout à chacun dans la classe, mais sans que cela impliquât momeries ou câlinerie. Au cours de cette première année, je perdis pied. De Donder sut le voir. Comme il sut voir que ma principale compensation, je la trouvais au cours de natation : « là, tu es dans ton élément », disait-il, rendant au mot son sens empédoclien. Un élément où je retrouvais en effet un bonheur magmatique sur lequel un psychanalyste aurait beaucoup à dire. Mais il sut aussi être féroce pour dénoncer ma dérive. 

Commencée avec une encourageante « carte dorée » — ça ne mangeait pas de pain —, mon année vit pleuvoir les « cartes jaunes » ; le jaune : la couleur infamante du plus mauvais bulletin hebdomadaire possible (il y avait encore la « carte verte », réservée aux cas extrêmes : j’en eus, mais plus tard, et, comme disait Kipling, ceci est une autre histoire). J’ai retrouvé une de ces cartes jaunes : l’écriture y traduit incontestablement l’énergie que j’ai dite, et qui me condamne.

Cette énergie se traduisait aussi dans la passion d’enseigner. Jouer les scènes racontées, réciter les textes avec une voix de stentor, marteler les paradigmes latins, rythmer les déclinaisons : De Donder savait faire tout cela. Bien avant qu’une imposture pédagogique prétende mettre l’enfant au milieu de la classe, De Donder voulait nous faire participer. Je le revois au cours d’histoire, nous racontant l’anabase, la longue marche des dix mille compagnons de Xénophon à travers l’Anatolie (celle de Mao Tsé Tung fut aussi épique, et plus proche : mais de celle-là , il ne serait jamais question. C’était pas la matière, sans doute). Au fur et à mesure que la troupe approchait des Dardanelles (pardon : de l’Hellespont), De Donder s’animait. Souffrant de la soif, torturé par les incertitudes, il nous faisait partager le sort des Grecs. Arriva le grand moment : celui où les marcheurs arrivent en vue de la mer. « Thalassa ! La mer ! Pour un Grec, c’est comme sa patrie ! Vous vous imaginez, alors, leur délire — ‘thalassa ! thalassa !’ — et comment ils s’embrassaient ! » Etre seul à vivre la scène dut apparaître insupportablement minable à De Donder. Il s’improvisa metteur en scène : allez, allez ! hop ! tous là de ce côté de l’estrade ! Vous avancez côté cour, hagards — allez, plus hagards que ça ! —, vous titubez, vous vous trainez — allons, Maurice, par terre ! Guy, titube te dis-je ! —. Et puis tout à coup, vous voyez la mer ! Allez, sautez de joie, hurlez : « thalassa ! thalassa ! ». MAIS HURLEZ DONC !!! J’étais là, sautant comme un cabri, profitant d’une liberté qui ne nous était que rarement octroyée, beuglant mes premiers mots de grec (que j’avais déjà appris avec les chromos Liebig). Mais en même temps un peu gêné de me donner ainsi en spectacle. Pourquoi pas un tutu ou une plume dans le cul, tant qu’on y était ?
Ce furor pedagogicus atteignait-il toujours son but ? Ce qui m’en fait douter est cet autre souvenir. De Donder nous expliquait une délicate règle de grammaire latine. Déjà pas facile de la comprendre. Mais en plus, il fallait la mémoriser. Pour fixer définitivement la règle dans nos petites cellules grises, il monta sur son bureau. Son cahier ouvert en équilibre sur son crâne, il se tint alors sur une seule jambe. Il leva l’autre, et fit passer un bras en dessous de la jambe levée, doigt pointé. Puis, l’autre doigt levé en l’air, il énonça à nouveau la règle, avec lenteur. Devant la classe ahurie, il redescendit alors prestement de son perchoir et lui dit : « Comme cela, vous ne l’oublierez plus jamais ». Effectivement, je n’ai jamais oublié. Jamais oublié mon professeur en équilibre sur son bureau, avec son livre sur sa tête (chose que nous ne nous serions jamais permise), ça oui. Mais je n’ai gardé aucun souvenir de la règle que cette scène était supposée fixer dans nos mémoires. Je me souviens vaguement qu’il y avait là quelque chose « d’indirect » (d’où le bras passant sous la jambe), mais du diable si je sais quoi.

(à suivre)
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Annexe de PB pour les nostalgiques :
Anabase, Livre 4, chapitre 7 :
On arriva le cinquième jour à la montagne sacrée qui s'appelait le Mont Techès. Les premiers qui eurent gravi jusqu'au sommet aperçurent la mer et jetèrent de grands cris : ils furent entendus de Xénophon et de l'arrière‑garde. On y crut que de nouveaux ennemis attaquaient la tête de la colonne car la queue était harcelée et poursuivie par les peuples dont on avait brûlé le pays. L'arrière‑garde leur ayant tendu une embuscade en tua quelques-uns, en fit d'autres prisonniers, et prit environ vingt boucliers. Ils étaient de la forme de celle des Perses, recouverts d'un cuir de bœuf cru, et garni de ses poils. Les cris s'augmentèrent et se rapprochèrent, car de nouveaux soldats se joignaient sans cesse en courant à ceux qui criaient. Leur nombre augmentant, le bruit redoublait, et Xénophon crut qu'il ne s'agissait pas d'une bagatelle. Il monta à cheval, prit avec lui Lycius et les cavaliers grecs  et courut le long du flanc de la colonne pour amener du secours : il distingua bientôt que les soldats criaient "La mer ! La mer, !" et se félicitaient les uns les autres, alors arrière‑garde, équipages, cavaliers, tout courut au sommet de la montagne. Quand tous les Grecs y furent arrivés, ils s'embrassèrent, ils sautèrent au cou de leurs généraux et de leurs chefs de lochos, les larmes aux yeux.
[4.7.21] κα φικνονται π τ ρος τ πμπτ μρ· νομα δ τ ρει ν Θχης. πε δ ο πρτοι γνοντο π το ρους κα κατεδον τν θλατταν, κραυγ πολλ γνετο. [4.7.22] κοσας δ Ξενοφν κα ο πισθοφλακες ᾠήθησαν μπροσθεν λλους πιτθεσθαι πολεμους· εποντο γρ πισθεν κ τς καιομνης χρας, κα ατν ο πισθοφλακες πκτεινν τ τινας κα ζγρησαν νδραν ποιησμενοι, κα γρρα λαβον δασειν βον μοβεια μφ τ εκοσιν. [4.7.23] πειδ δ βο πλεων τε γγνετο κα γγτερον κα ο ε πιντες θεον δρμ π τος ε βοντας κα πολλ μεζων γγνετο βο σ δ πλεους γγνοντο, [4.7.24] δκει δ μεζν τι εναι τ Ξενοφντι, κα ναβς φ ππον κα Λκιον κα τος ππας ναλαβν παρεβοθει· κα τχα δ κοουσι βοντων τν στρατιωτν --θλαττα θλαττα κα παρεγγυντων. νθα δ θεον πντες κα ο πισθοφλακες, κα τ ποζγια λανετο κα ο πποι. [4.7.25] πε δ φκοντο πντες π τ κρον, νταθα δ περιβαλλον λλλους κα στρατηγος κα λοχαγος δακροντες.

dimanche 24 janvier 2010

Le tonnerre de Zeus (1re partie)


Jean-Marie Klinkenberg nous fait parvenir de succulentes évocations dont voici un premier fragment :



Un début d’humanités sous Louis De Donder

Septembre 1956.
Je sors de sixième primaire, et j’entre en sixième latine.
Je sais que ce sera un choc. Pas parce qu’au Collège on compte les années à l’envers : non (l’enseignement a déjà, à ce stade, atteint un de ses objectifs : faire en sorte qu’on ne se pose pas de questions). Mais pour deux raisons. D’abord parce que je devine confusément que « faire ses latines », cela débouche sur des choses sérieuses, et sur des choix cruciaux (serai-je missionnaire chez les esquimaux, ou aviateur avec Buck Danny ?). Ensuite parce que je sors d’une petite école de quartier, où un seul instituteur donne la classe à deux années à la fois, et je devine que le Collège ça va être bien différent. Je sais déjà que c’est un machin (le mot « boîte » ne fait pas encore partie de mon vocabulaire, et encore moins « bahut »), et que ses dimensions m’effraient.
Un nom résume ce choc à venir : De Donder. Un roulement mystérieux de trois syllabes assonancées. Trois dentales mitraillées. Ce nom m’est connu, parce que mon frère ainé a un peu tâté de la boîte en question, avant de s’y sentir, assez vite, un corps par trop étranger. Et parce que ma mère, qui n’a fait que ses primaires, m’a patiemment fait répéter les leçons de vocabulaire flamand (« néerlandais » non plus ne fait pas encore partie de mon vocabulaire) de mon petit manuel Begin, et elle a alors bien insisté sur la signification de « de donder » : le tonnerre.
Zeus ! Zeus m’attendait dans sa nuée formidable, avec ses foudres redoutables !
Le choc eut lieu. Il fut terrible. Mais Zeus n’en fut pas le responsable : cette puissance, quoiqu’effectivement terrible, se révéla plutôt bienveillante. Le choc fut d’une autre nature : alors que dans ma petite école, peuplée surtout d’enfants d’ouvriers d’abattoir ou de gardiens de prison — les deux industries proches, aussi inquiétantes l’une que l’autre —, je devais, sans que je le susse, faire figure de privilégié, ici je rencontrais pour la presque première fois l’aisance efféminée de l’aristocratie et la morgue à la fois impavide et tendue de la bourgeoisie. La pyramide se renversait. Je ne lirais Pierre Bourdieu et Annie Ernaux que bien plus tard : mais ce qu’ils expliquent ou décrivent, c’est alors que je l’ai vécu.
Mais là n’est pas l’affaire. Il est question ici de Louis De Donder.
(à suivre)