Photos de classe manquantes

A vos archives ! Il nous manque 5 photos de classe (sur 28) des années scolaires de Louis à SFX : 1950-51, 1951-52, 1952-53, 1953-54, 1954-55. Merci de nous les envoyer scannées en 300 DPI.

dimanche 24 janvier 2010

Le tonnerre de Zeus (1re partie)


Jean-Marie Klinkenberg nous fait parvenir de succulentes évocations dont voici un premier fragment :



Un début d’humanités sous Louis De Donder

Septembre 1956.
Je sors de sixième primaire, et j’entre en sixième latine.
Je sais que ce sera un choc. Pas parce qu’au Collège on compte les années à l’envers : non (l’enseignement a déjà, à ce stade, atteint un de ses objectifs : faire en sorte qu’on ne se pose pas de questions). Mais pour deux raisons. D’abord parce que je devine confusément que « faire ses latines », cela débouche sur des choses sérieuses, et sur des choix cruciaux (serai-je missionnaire chez les esquimaux, ou aviateur avec Buck Danny ?). Ensuite parce que je sors d’une petite école de quartier, où un seul instituteur donne la classe à deux années à la fois, et je devine que le Collège ça va être bien différent. Je sais déjà que c’est un machin (le mot « boîte » ne fait pas encore partie de mon vocabulaire, et encore moins « bahut »), et que ses dimensions m’effraient.
Un nom résume ce choc à venir : De Donder. Un roulement mystérieux de trois syllabes assonancées. Trois dentales mitraillées. Ce nom m’est connu, parce que mon frère ainé a un peu tâté de la boîte en question, avant de s’y sentir, assez vite, un corps par trop étranger. Et parce que ma mère, qui n’a fait que ses primaires, m’a patiemment fait répéter les leçons de vocabulaire flamand (« néerlandais » non plus ne fait pas encore partie de mon vocabulaire) de mon petit manuel Begin, et elle a alors bien insisté sur la signification de « de donder » : le tonnerre.
Zeus ! Zeus m’attendait dans sa nuée formidable, avec ses foudres redoutables !
Le choc eut lieu. Il fut terrible. Mais Zeus n’en fut pas le responsable : cette puissance, quoiqu’effectivement terrible, se révéla plutôt bienveillante. Le choc fut d’une autre nature : alors que dans ma petite école, peuplée surtout d’enfants d’ouvriers d’abattoir ou de gardiens de prison — les deux industries proches, aussi inquiétantes l’une que l’autre —, je devais, sans que je le susse, faire figure de privilégié, ici je rencontrais pour la presque première fois l’aisance efféminée de l’aristocratie et la morgue à la fois impavide et tendue de la bourgeoisie. La pyramide se renversait. Je ne lirais Pierre Bourdieu et Annie Ernaux que bien plus tard : mais ce qu’ils expliquent ou décrivent, c’est alors que je l’ai vécu.
Mais là n’est pas l’affaire. Il est question ici de Louis De Donder.
(à suivre)

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