Photos de classe manquantes

A vos archives ! Il nous manque 5 photos de classe (sur 28) des années scolaires de Louis à SFX : 1950-51, 1951-52, 1952-53, 1953-54, 1954-55. Merci de nous les envoyer scannées en 300 DPI.

samedi 8 août 2009

"Graine de Bolchevik !"

Alors qu'il avait été, comme prisonnier de guerre, victime du fascisme, Louis De Donder n'appréciait pas pour autant la gauche. C'est le moins que l'on puisse dire...

Voici une anecdote qui l'illustre. C'était l'année scolaire 1974-75. En classe, un certain jour, nous en vînmes à parler de l'Union Soviétique. "De toute façon, dit Louis, la Sainte Russie se convertira ! La Sainte Russie se convertira..."
Il évoquait, je crois, une prophétie qui avait été faite par Dieu sait qui. Il répéta deux fois cette phrase, en insistant la seconde fois sur le mot "sainte", l'oeil farouche, le doigt en l'air, aussi intimement persuadé de l'inéluctabilité de l'événement que s'il s'était agi du retour de la comète de Halley.

Autre exemple de son anti-communisme viscéral : un élève m'avait raconté à l'époque, l'avoir vu intervenir dans la cour de récréation dans une bagarre entre deux très jeunes élèves. Il avait mis la main sur celui qui semblait être l'agresseur et après des remontrances méritées, lui avait asséné pour conclure son laïus, avec la voix puissante et grondante (comme le tonnerre, évidemment...) qu'il pouvait avoir en de telles occasions, un cinglant : "Graine de Bolchevik !"
Le gamin était resté coi sous le poids de l'accusation, à laquelle il n'avait rien compris, mais qui, à l'évidence, devait être terrible rien qu'à en juger par l'intonation.

Louis était chrétien, philosophiquement et politiquement. L'Eglise et la foi étaient ses références globales. Les nôtres aussi en tant qu'élèves. L'organisation et les pratiques du Collège feraient hurler les pédagogues et les ados d'aujourd'hui, dans une société beaucoup plus laïcisée. Pensez donc par exemple qu'il ne nous a guère semblé anormal à l'époque (les années 1970) que notre propre titulaire de classe soit aussi notre aumonier et notre confesseur, du moins quand il s'agissait d'un Père. Ce mélange de vie privée et de vie scolaire ne serait plus admis. La Communauté Jésuite englobait en partie les élèves dans son mode de vie, elle les y attirait et n'était pas juste là pour assurer une mission éducative. Cela semblait normal et pour la bonne cause.
Pourtant les choses n'ont jamais cessé d'évoluer. Vers 1970, nous trouvions révoltant que les élèves, autrefois, dussent assister à la messe chaque jour, et de surcroît faire valider un "carnet de messes" par la signature d'un curé de paroisse, lorsqu'ils étaient en week-end ou en vacances. Ces mêmes élèves avaient sans doute eux-mêmes trouvé tout aussi inacceptables des pratiques encore plus anciennes... Tout est relatif.

A l'époque où Louis prophétisait la conversion de la Russie, des histoires édifiantes couraient dans nos milieux sur la répression des chrétiens en Union Soviétique. J'avais une connaissance à Verviers, dont le père collaborait au trafic bien-pensant d'une organisation bienfaisante qui faisait entrer clandestinement en URSS des traductions russes de la Bible.

Dans le même genre, la chorale du Collège, sous la direction du Frère René Maurage, avait monté au printemps 1977 une "Passion selon Saint Luc" contemporaine pour choeur et orchestre composée par Herbert Peter, un musicien est-allemand. Moyennant mille tractations, ce compositeur avait été autorisé par les autorités est-allemandes à franchir le Rideau de fer pour quelques jours, afin de pouvoir assister à la création de son oeuvre à l'Ouest. Le reste de sa famille était évidemment resté à l'Est, en "garantie".
C'était un autre monde, "que les moins de 20 ans...."
Qu'ils visitent le musée de "Check-point Charlie" à Berlin s'ils veulent s'en faire une petite idée.

Bref, si son état de santé le lui permettait encore, Louis a dû jubiler fin 1989, quand l'Histoire donna raison à sa prophétie.

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